En 2021, des vestiges du taylorisme demeurent encore au sein de certaines entreprises. Alors que Taylor et ses partisans s’évertuent à lutter à tout prix contre les temps morts et à rationaliser à outrance les pratiques de salariés, du stress et des pathologies nouvelles se développent. Les limites du taylorisme ne
sont donc plus à démontrer (e.g.: accidents du travail, déshumanisation des travailleurs, contrôle excessif).
[La crise sanitaire] nous amène à repenser la manière dont nous vivons, la manière dont nous interagissons les uns avec les autres, la manière dont nous consommons et également la manière dont nous travaillons.
La crise que nous traversons due à l’apparition de la pandémie du Covid 19 a impacté la société dans son ensemble. Elle nous amène à repenser la manière dont nous vivons, la manière dont nous interagissons les uns avec les autres, la manière dont nous consommons et également la manière dont nous travaillons. Qui aurait pu imaginer que le télétravail soit autant généralisé aujourd’hui ? Il s’avère plus que fondamental de redéfinir les pratiques des managers ainsi que celles de tous les collaborateurs. L’apologie de la lenteur semble alors être une réponse nécessaire et adaptée aux changements que nous traversons en ce moment.
A l’origine du Slow Management on retrouve la Slow Food, lancée en 1986 par le journaliste, sociologue et critique gastronomique italien Carlo Petrini. Il exprime une réaction protestataire quant à l’ouverture d’un McDonald’s à Rome. Le but de Carlo Petrini était de repenser l’expérience des consommateurs au sein de restaurants, mais aussi de promouvoir le savoir-faire local en contrant le principe
du célèbre fast food qui pousse ses clients à consommer rapidement. Il n’est pas question de tout ralentir à tout prix mais de vivre, et d’être connecté au moment présent afin de réaliser une activité au bon rythme.
Fini les fast food, le speed dating, l’obsession presque maladive pour la rapidité, ce mouvement qui prône de ralentir notre rythme, séduit de plus en plus
Cette simple protestation a créé un mouvement mondial, une alternative aux formes de management dominantes et une véritable sous culture (Vitari et al, 2013). Le Slow Movement évolue à contre-courant des idées reçues que l’on connaît au sujet de la rapidité, de la productivité, du court-termisme ou encore de la
gestion du temps d’une manière générale. Ainsi, un changement global s’opère. Fini les fast food, le speed dating, l’obsession presque maladive pour la rapidité, ce mouvement qui prône de ralentir notre rythme, séduit de plus en plus d’individus à travers le monde, y compris des entrepreneurs, managers et salariés
(Dillenseger, 2020).
Contrairement à la tendance globale du fast management qui prône la réduction des délais, l’accélération des procédures et le toujours plus en moins de temps, ce mouvement a engendré de nombreuses initiatives y compris dans le monde du travail, notamment avec le slow business, le slow working et le slow management.
L’objectif est de remettre les collaborateurs au centre des organisations en travaillant et manageant différemment.
L’objectif de ce mouvement n’est pas de nier l’importance pour l’entreprise d’être compétitive, notamment à travers l’innovation ou encore à travers l’optimisation de la qualité des produits et/ou services proposés. L’objectif est de remettre les collaborateurs au centre des organisations en travaillant et manageant différemment. C’est en donnant du sens dans leur travail, et en relativisant les tâches urgentes que ces mouvements favorisent le ralentissement du rythme de travail, en d’autres termes, il s’agit de travailler moins et mieux.
Concrètement, le slow management c’est prendre du temps avec ses équipes pour:
– Écouter et prendre en considération leurs besoins et attentes,
– Valoriser les collaborateurs et leur travail, et donner du sens à ce qu’ils font au quotidien
– Adopter un management participatif, en optimisant la collaboration et l’intelligence collective,
– Fédérer les équipes autour d’un objectif commun, et instaurer un climat cohésif,
– Impliquer les salariés dans leurs missions et les rendre acteurs de leur évolution professionnelle,
– Les faire participer au futur de l’entreprise
A la lecture des pratiques précédemment citées, il est aisé de reconnaître les bienfaits du Slow Management. Comme source de motivation, il permet l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble des salariés, en réduisant et/ou éliminant les facteurs de stress ainsi qu’en développant des relations de qualité avec son équipe. Plus un collaborateur se sent épanoui et reconnu dans son métier, plus il sera productif et performant.
Enfin, si le Slow Management ne remet pas en cause l’essence même de l’entreprise qui est de faire du profit, à travers l’innovation notamment, comme nous l’avons évoqué précédemment, il remet tout de même en cause les moyens utilisés, tels que les outils numériques de gestion des temps et de communication. Le recours à outrance à la technologie peut s’avérer être source de stress et nous pousserait non pas à être plus productifs et efficaces mais à manquer de vigilance et à multiplier les erreurs (Dillenseger, 2020).
Le slow management est alors non seulement sources de progrès dans les entreprises mais aussi de performance.
Bibliographie
- Dillenseger, C. 27/07/2020. “Le slow worker n’est pas un illuminé”. https://start.lesechos.fr/travaillermieux/flexibilite-au-travail/le-slow-worker-nest-pas-un-illumine-1226501 [consulté le 20/01/2021]
- Vitari, C et al. 2013. Slow management: Entreprendre la transition. Pearsons.
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